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Clisson : l’Italie à portée de Nantes

Par Elise Chevillard / Publié le 20.03.2017

Nichée en plein cœur du vignoble nantais, sur les bords de Sèvre et de Moine, Clisson est une ville reconstruite sur le modèle architectural Toscan. Ses vieilles pierres qui racontent son histoire et son charme tout italien, sont comme autant d’invitations à venir la découvrir.

 

Clisson © office de tourisme du vignoble de Nantes 2016

 

En quittant Nantes, une campagne verdoyante se dessine aux détours des coteaux et des paisibles vallées. Entre Loire et bocage, les vignes s’étalent sur des pentes douces et découpent le paysage en parcelles. Soudain, Clisson surgit, dans un décor de tuiles et de briques rouge-orangées.

 

Une ville qui renaît de ses cendres

 

Au carrefour de l’Anjou, du Poitou et de la Bretagne, Clisson jouit d’une position géostratégique. La ville fut pendant cinq siècles la clé de voûte de la défense des « Marches de Bretagne », zone tampon entre le duché breton et le royaume de France. A partir du XVIIIème siècle, la cité décline et ne sera que ruines après les guerres de Vendée. Deux frères, les Cacault, Pierre (peintre) et François (diplomate), nantais d’origine mais dont l’esprit demeurait fortement marqué par leur long séjour en Italie, tombent sous le charme de Clisson et de sa vallée. Ils entreprennent alors de reconstruire cette ville sur le modèle de l’architecture italienne, avec Frédéric Lemot, sculpteur de Napoléon, mais aussi aidés de l’architecte de renom Mathurin Crucy à l’origine notamment, de la place Graslin à Nantes. Tous les deux étant des anciens Prix de Rome. Clisson deviendra alors une source d’inspiration pour de nombreux intellectuels et artistes de l’époque, ressuscitant l’ Arcadie du peintre Poussin.

 

Dolce vita à Clisson

 

Cet après-midi, dans les ruelles escarpées de Clisson la chaleur est elle aussi toute italienne. La ville est parsemée de venelles secrètes, de belles demeures et de petites terrasses ombragées. La couleur rouge-orangée des toits en tuiles, accentue la tonalité toscane ainsi que les fenêtres en briques fines et les baies terminées par des arcs en plein cintre. Une halte sous la charpente de chêne et de châtaigner des anciennes halles s’impose, afin de recueillir un peu de fraîcheur. Construites au XVe, elles accueillent un marché depuis près de cinq siècles.
Depuis le pont de la Vallée, on jouit d’une jolie vue sur l’Église Notre-Dame au style néoclassique roman. Elle fut édifiée entre 1887 et 1888 d’après les plans de Saint-Jean et Saint-Paul de Rome. Son campanile en forme de tour carrée émerge des toits. Son chevet entouré de fines colonnettes parachève le caractère italien de l’édifice qui s’intègre à merveille dans ce paysage toscan. Cyprès, pins parasols et saules pleureurs, bordent les rives romantiques de la Moine. Les canoës glissent doucement sur l’eau. Et les glycines en fleurs retombent en cascade. Plus loin, se dessine la silhouette du viaduc, composé de quinze arches élégantes datant de 1840. Sur l’autre rive, l’imposant château veille jalousement sur la ville.

Clisson © office de tourisme du vignoble de Nantes 2016

Le château, construction militaire

 

Du Moyen Âge, la cité conserve les ruines de son château, témoin de son passé prestigieux. Elevé sur un éperon rocheux, il domine la ville et la Sèvre, et fut la résidence de la puissante famille de Clisson. Longtemps forteresse imprenable, le château de Clisson construit du XIe au XVIIe siècle, est la somme des ouvrages de l’architecture militaire. Très vite, il devient un point stratégique protégeant la frontière du duché de Bretagne et connaît plusieurs campagnes de modernisation. Détruit pendant les guerres de Vendée, ce château garde encore visible de nombreux exemples d’architecture défensive: archères, canonnières aménagées pour permettre l’usage des canons, assommoirs… En se promenant parmi les ruines, il est aisé d’imaginer les interminables banquets qui se tenaient dans le logis seigneurial et les gibiers qui rôtissaient dans les grandes cheminées dont on peut encore admirer les vestiges. Perdrix et autres faisans étaient sûrement le fruit des chasses qui se déroulaient sur les terres de la Garenne Lemot. Depuis ce domaine, le château apparaissait alors comme une vision romantique.

 

Une architecture aux inspirations italiennes

 

Ancien terrain de chasse des seigneurs de Clisson donc, la Garenne fut rachetée en 1805 par Frédéric Lemot. Ce domaine lui rappelait la campagne romaine autour de Tivoli. Mais ce n’est qu’en 1824 que débute sa construction par l’architecte Pierre-Louis Van Cléemputte sur le modèle d’une maison de campagne italienne. Après avoir emprunté une belle allée de sculptures, on pénètre dans une cour entourée d’une colonnade en hémicycle, qui précède la villa. De style néoclassique, cette dernière se compose d’un bâtiment central auquel viennent s’ajouter deux ailes perpendiculaires. Deux terrasses ombragées situées de part et d’autres, dominent la vallée et la Sèvre. Depuis 1990, la Garenne-Lemot est devenue un centre culturel qui développe des missions liées à l’histoire et à la conservation du site. Pendant longtemps, elle développa un échange artistique avec la casa Velázquez à Madrid et exposait des œuvres des pensionnaires. Le parc s’agence autour de la villa, tout en courbes et en volutes. Aux festins et aux danses auxquels se prêtait parfaitement ce cadre, Lemot lui préféra le silence imprégné du temps passé.

 

La Garenne-Lemot © office de tourisme du vignoble de Nantes 2016

 

Un parc pittoresque où la nature est reine

 

L’aménagement du parc commence dès 1806 et va continuer pendant plusieurs années, avec la plantation de centaines d’arbres et d’arbustes à l’image des platanes, des tilleuls et des acacias éparpillés sur le domaine. De nombreuses fabriques (monument à vocation ornementale) seront également édifiées d’après les plans de Mathurin Crucy. Le premier pavillon à être érigé est la Maison du Jardinier, qui s’impose comme la gardienne du parc. Sa tour pigeonnier, ses éléments en briques rouges et ses baies cintrées qui l’ornent, en font un modèle de l’architecture rustique à l’italienne. A l’intérieur, une exposition retrace l’histoire de Clisson et de son architecture. La pergola végétale nous entraîne dans le parc qui déroule ses treize hectares. Il est ponctué ici là de nombreuses autres fabriques faisant référence à l’Italie comme les statues de Faustine, les grottes, les colonnes et le Temple de Vesta. Émergeant de la végétation, il évoque celui de Tivoli. En descendant le chemin vers les berges plantées de charmes, on admire les perspectives, les échappées, les volumes et les éclats de couleur de ce début de soirée.