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Lyon : Monplaisir, un quartier qui fait son cinéma

Par Elise Chevillard / Publié le 30.06.2024

Monplaisir et le cinéma, c’est toute une histoire, un scénario riche qui réunit commerces de bouche, cafés branchés, bonnes tables, que nous mettons en Lumière lors de cette balade urbaine dans le 8ème arrondissement de Lyon. Son simple nom est une invitation à y vivre. Son esprit village n’est pas une invention !

Crédit photo : Elise Chevillard

Il est tout juste midi, les étudiants sortent par grappe de l’Université Jean-Moulin, autrefois manufacture des tabacs. Les grandes tables de chez Yaafa sont prises d’assaut pour manger sur le pouce. Place Ambroise Courtois, c’est jour de marché, les paniers se remplissent aussi vite que les cafés se descendent sur les terrasses ensoleillées de la place. Les jours où il n’y a pas marché, on se donne rendez-vous rue des Frères Lumières qui relie les 2 extrémité du quartier. C’est l’artère vivante de ce quartier, la rue des plaisirs gourmands, on y trouve de tout du café aux pralulines en passant par des produits italiens.

Crédit photo : Elise Chevillard

Depuis la gare Lyon Part-Dieu, il faut marcher une trentaine de minutes, traverser des îlots qui sortent de terre et peu à peu quitter la rumeur de la ville. On peut aussi choisir de prendre le métro jusqu’à l’arrêt Monplaisir Lumière. Dès la sortie, le ton est donné. Les murs du métro affichent la couleur, ou plutôt la Lumière, et les panneaux des rues nous rappellent les claps de cinéma. Un drôle d’édifice en forme d’écran géant courbe rend hommage aux frères Lumière. Sa partie concave et monochrome sert d’écran de projection. Des films y sont visionnés dans le cadre de manifestations thématiques. Car oui, c’est bien dans ce quartier que naquit le cinéma.

D’une friche agricole à un quartier chic et populaire

C’est le baron des Tournelles, propriétaire du château des Tournelles qui donna ce nom au village. En 1828, il transforme son domaine et crée une opération d’urbanisation en morcelant ses terres en 400 parcelles reliées les unes autres par des rues. Il baptise ce village « Monplaisir ». Des années 1840 aux années 1900, de nombreux horticulteurs s’installent à Monplaisir pour y cultiver des rosiers. L’air y est pur, et les Lyonnais son nombreux à venir ici respirer le grand air et profiter des nombreuses auberges champêtres pour passer des vacances reposantes !

Crédit photo : Elise Chevillard

Puis, de nombreux industriels y ouvrent leurs usines comme Calor, Berliet, ou encore Lafont et Monplaisir devient alors le quartier emblématique du développement économique et social du XIXe et XXe siècle. Les usines des frères Lumière s’installent ainsi fin XIXe début du XXe siècle. C’est ici que le premier film de l’histoire mondiale du cinéma fut tourné par Louis Lumière. Fin des années 1980, le quartier entame sa mue avec l’arrivée du métro. Monplaisir devient alors un village résidentiel et populaire.

Un hommage au cinéma à chaque coin de rue

Des plaques de rue noires avec des bandes blanches aux noms des rues, d’avenues en boutiques, le nom ” Lumière ” tout ici évoque le cinéma. Son temple ? L’Institut Lumière qui siège sur la place Ambroise-Courtois et prend place dans le château construit par Antoine Lumière, qui n’est autre que le père des frères Lumière !

Dédié au Cinématographe et à l’histoire de la famille Lumière, le Musée Lumière revient sur le processus de l’invention du cinéma, des premières expérimentations faites dans le monde entier jusqu’au tournage puis à l’exploitation des films Lumière. Demeure familiale où se réunissait la famille, la Villa lumière de style Art nouveau, a été construite en 1899 et 1901 par les architectes Boucher et Alex, à deux pas de ses usines. Au rez-de-chaussée, la visite débute dans le jardin d’hiver, lieu de vie pour les beaux jours.

Crédit photo : Elise Chevillard

Au premier étage, les visiteurs découvrent le tout premier cinématographe, mais aussi un Kinétoscope Edison ainsi que divers objets d’époque. Inventé en 1834 par Emilie Tolot, le zootrope préfigure le cinéma et procure l’illusion du mouvement par un jeu de vitesse et de lumière. En passant dans les différentes pièces, le visiteur pénètre aussi l’intime de la famille à travers des photographies de scènes de vie, mais aussi en découvrant la chambre de Joséphine et Antoine Lumière. Pour finir, une salle de projection permet de revivre une sélection de passages des films Lumière. En sortant, promenez-vous dans son parc et empruntez l’allée des Inventeurs qui rend hommage aux prédécesseurs des Lumière.

Se faire une toile au Hangar

Crédit photo : Elise Chevillard

De l’autre côté du parc, laissé à l’abandon après la démolition de l’usine Lumière au début des années 1970 (et restauré depuis) le hangar du premier film est le dernier vestige de ce tournage originel. C’est ici que naquit le cinématographe, mais aussi que Louis Lumière planta sa caméra pour tourner le premier film de l’histoire mondiale du cinéma intitulé « La sortie des usines Lumière à Lyon » (1895). Classé monument historique, il abrite aujourd’hui une salle de cinéma qui projette tout au long de l’année de nombreux films rétrospectifs ou des nouveautés. Chaque année, en mars, se déroule une séance de tournage avec les visiteurs par l’institut Lumière.

L’adresse coup de coeur : le café Lumière

Crédit photo : Elise Chevillard

À côté de la librairie, face au Hangar du Premier-Film et au fond d’une charmante petite cour, on vient prendre un thé, manger un plat du jour en compagnie de Francis Ford Coppola, Jean-Louis Trintignant, Pierre Richard ou encore Brad Pitt. Chaque semaine, deux plats du jour au choix (dont un végétarien), mais aussi des soupes, des quiches et des pâtisseries s’ils vous restent de la place. On s’installe sur la terrasse ombragée ou à l’intérieur dans une ambiance cosy.

Où dormir dans le quartier Monplaisir ?

Au cœur du quartier Monplaisir, L’hôtel Le Lumière est une bonne adresse pour les couples ; mais aussi les familles avec une suite familiale. Sa décoration n’est pas sans nous rappeler l’univers du cinéma. Le matin, on prend son petit dej’ dans la cours intérieur. Organisation de séminaires et réunions de travail

Pratique d’accès, au pied du métro Sans Souci, l’hôtel 4 étoiles Mercure Lyon Centre Lumière vous plonge avec la décoration de ses espaces communs et de ses chambres autour de l’univers du cinéma. Le soir, pas besoin d’aller bien loin pour se restaurer, attablez vous au restaurant bistronomique « Le Hangar ». Au menu : une cuisine fraîche et de saison. Parking privé sur place.

Carnet pratique

Crédit photo : Elise Chevillard

Monplaisir Côté Cour (64, avenue des Frères Lumière): ce restaurant niché au fond d’une cour à trouver la recette du succès : une formule à 9,90 € que l’on prend le temps de déguster sur une terrasse confidentielle et une salle de jeux pour occuper vos gones pendant que vous déjeunez avec votre meilleure copine.

Kaffee Berlin (26 cours Albert Thomas) : envie de retrouver une ambiance berlinoise ? Ici, la bière coule à flot, on éponge avec un bon currywurst, en version double. Côté miam, on craque aussi pour des tapas revisitées à la sauce allemande, les flammenkueche rolls pour un burger, un bagel gourmand. On ressort repus.

Yaafa (186 avenue des Frères Lumière): le concept ? Des falafels « maison », que l’on décline à l’infini. Ils sont servis dans une pita ou en salade, accompagnés de légumes, d’un taboulé ou des spicy potatoes. Ne repartez pas sans avoir gouter leur houmous maison, le thé glacé.

Pralus (103 avenue des Frères Lumière): faut-il encore présenter célèbre pâtisserie chocolaterie Pralus ? Tout touriste qui se respecte devra goûter à la praluline (brioches aux pralines roses) ou à la tarte aux pralines (ou les deux !) Tout est fait maison, mais faut-il le préciser ?

Marguerite (57 avenue des Frères Lumière): quand la famille Lumière rencontre Paul Bocuse ça donne le restaurant Marguerite. À 5 minutes à pied, de la villa des frères Lumières, il prit ses quartiers dans l’ancienne demeure d’Auguste Lumière et de sa femme Marguerite. Au menu : une cuisine qui évolue au fil des saisons avec un plat du jour, parfait pour les pressés. On mange dans les salons et dans les salles à manger ou encore sur la terrasse ou le jardin.

Bar des Champ’s (120 avenue des Frères Lumière): comme un air de campagne en pleine ville souffle au Bar des Champ’s. On s’attable le midi, avec un menu façon brasserie alors que le soir place aux tapas. Bon choix de vins et de cocktail pour continuer la soirée jusque tard dans la nuit

Ô Divin Plaisir (65 avenue des Frères Lumière): envie de faire une étape en Italie ? Dans cette petite épicerie fine installée ici depuis plus de 6 ans, on trouve aussi des antipasti, que de la charcuterie, des fromages, des pâtes fraîches, des liqueurs, et même des plats cuisinés à emporter et à déguster dans le jardin de l’Institut Lumière. La dolce vita en plein cœur de Monplaisir !

Grain de sable (83 avenue des Frères Lumière) :  l’adresse branchée pour refaire sa garde-robe sans risquer d’avoir la même veste que sa cousine. Ici, on trouve des marques célèbres comme IKKS, French Disorder, Raoul & Marcelle, mais aussi des pièces de petits créateurs. Des vêtements, mais aussi des bijoux, chaussures et accessoires

Pirouette Cacahouète (64 avenue des Frères Lumière) : retour en enfance immédiat dans ce magasin qui regorge de jouets en bois et tissus destinés aux enfants de la naissance à 10 ans.. Sur les étagères : De quoi faire plaisir à votre petit gone

Boucherie Barithel (74, avenue des Frères Lumière) : il faudra s’armer de patience, car la Boucherie est victime de son succès avec une file d’attente qui déborde souvent dehors. La flemme de prévoir votre repas de demain midi ? Les barquettes feront un excellent choix à emporter

L’Industrie Café Comptoir (10, place Ambroise-Courtois): après le marché, c’est le rendez-vous de la place, pour prendre un café tout en s’immergeant dans l’ambiance du quartier ou pour un dej’ sur le pouce. A l’intérieur, affiches et objets racontent l’histoire d’ancienne industries du quartier. Ambiance dolce vita sur la terrasse quand il fait soleil.