Le Vietnam, d’Ha Long au Mékong
Ce voyage de 1676 kilomètres et de trois semaines à travers le pays du dragon, ainsi nommé en raison de sa forme, nous mènera de la baie d’Ha Long au delta du Mékong, en passant par Hué, la ville impériale figée dans le temps, Hoi An et ses lanternes, Dalat et l’ancienne Saïgon tournée vers l’avenir.
Hanoï. 10h45 et déjà 35 degrés. La plus ancienne capitale d’Asie (capitale politique et administrative depuis 1976), est enveloppée dans une moiteur étouffante. Le ciel, opaque et lourd, semble peser sur la ville. Le voyage commence au milieu d’une circulation chaotique, une cacophonie de klaxons, un flot incessant de voitures et de deux-roues. Certains passagers sans casques, d’autres voyageant en famille, et des conducteurs transportant toutes sortes d’objets sur leurs motos rafistolées, créent un spectacle continu, comme un banc de poissons en mouvement.
Sur les trottoirs, la vie quotidienne se déroule : barbiers, joueurs de cartes, oiseaux en cages, étals de viande à côté de sous-vêtements bon marché, de crevettes fraîches et de fruits du dragon, à même le sol. Ici, on mange à toute heure dans des restaurants éphémères. Assis sur de petits tabourets en plastique, les Vietnamiens dévorent des pho, des soupes de nouilles et de viande accompagnées d’herbes aromatiques provenant de marmites fumantes. Pourtant, au milieu de cette agitation, une atmosphère calme et paisible se dégage. Au cœur d’Hanoï, une voie ferrée passe à quelques centimètres des maisons, rythmant la vie du quartier et attirant les touristes qui viennent chaque jour attendre le passage du train.
Avant de continuer votre route, échappez au chaos joyeux d’Hanoï le temps d’une journée pour une escapade à la Pagode des Parfums, le site religieux le plus important de la région, où chaque Vietnamien doit se rendre au moins une fois dans sa vie en pèlerinage. Pour atteindre les centaines de temples, il faut embarquer dans un sampan, une petite barque étroite en métal, et voguer sur la rivière Yen au rythme des coups de rame de la rameuse. Pendant une heure, elle ne faiblira jamais. Le site ne compte pas moins de 100 pagodes et temples bouddhistes entourés par les montagnes karstiques tourmentées, formant la baie d’Ha Long terrestre.
Les brumes infinies de Ha Long
Sans transition, (ou plutôt si), direction l’île de Cat Ba, point de départ pour rejoindre Ha Long par la baie de Lan Ha. Après deux bus et un bateau, nous voici sur une route qui monte à travers la montagne karstique. La végétation est dense et exotique. Les premiers hôtels apparaissent, alignés côte à côte sur le port. Au loin, on distingue les célèbres rochers, et de nombreux bateaux de pêche colorés mouillent devant. L’excursion dans la baie de Lan Ha est prévue pour le lendemain.
Le matin est là. Dès la sortie du port, les premiers pains de sucre apparaissent, perdus dans des brumes infinies, composant un paysage digne d’une estampe japonaise. Véritable labyrinthe maritime formé d’une chaîne de montagnes englouties dans le golfe du Tonkin, la baie de Lan Ha, moins touristique que Ha Long, n’a rien à envier en termes de beauté. Cette mer intérieure révèle un paysage karstique avec 3000 îlots et îles, dont certaines grottes peuvent être explorées en kayak.
Hué, jadis capitale impériale
C’est en train de nuit que nous poursuivons le voyage, direction Hué. La vitesse de pointe ne dépassera pas les 70 kilomètres par heure. Ancienne capitale impériale de 1802 à 1945, Hué est inscrite au patrimoine historique de l’UNESCO depuis 1993, avec de nombreux sites conservés dans la Citadelle. Entourée d’un rempart à la Vauban, elle est percée de 10 portes couronnées de tours de guet. À l’intérieur, une deuxième enceinte permet d’accéder à la cité impériale, conçue sur le modèle de la cité interdite de Pékin. Il faut encore franchir la troisième enceinte, jadis abritant une centaine de bâtiments et des jardins somptueux.
Aujourd’hui, c’est une succession de temples aux murs patinés, aux couleurs traversant le temps : jaune curry, ocre, rose, bleu… Par endroits, la végétation pousse sur les pierres. Hué est également connue pour sa gastronomie typique du centre du Vietnam, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le pays. À l’heure du repas, régalez-vous de banh beo, une petite crêpe de riz cuite à la vapeur garnie de crevettes, de couenne de porc grillée et d’herbes, le tout dans une sauce nuoc mam, et de banh khoai, une crêpe aux œufs frite et farcie de crevettes et de soja dans une sauce aux cacahuètes.
Hoi An, la ville aux mille lanternes
Après trois jours à flâner dans la citadelle, il est temps de reprendre la route et de descendre vers Hoi An, cette fois-ci en bus couchettes. Hoi An est une jolie ville de pêcheurs qui s’étend le long de la rivière. Son centre, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ne couvre qu’un kilomètre avec plus de 800 bâtiments, dont notamment le pont couvert japonais construit en 1593 qui relie deux quartiers de la ville. Au milieu, se dresse une pagode coiffée de tuiles jaunes et vertes. Jaune, comme la majorité des bâtiments de la vieille ville. Le temps ici n’a pas altéré la belle couleur des façades, rehaussée par les lampions colorés qui ornent les maisons.
Hoi An est également réputée pour ses tailleurs, où en à peine 24 heures, on peut se faire confectionner des robes ou des costumes sur mesure en montrant simplement une photo de la pièce désirée. Mais c’est la nuit qu’Hoi An est la plus jolie, illuminée comme une guirlande de lumières.
Ho Chi Minh, l’ancienne Saigon
Rebaptisée du nom du président Ho Chi Minh en 1976, la capitale économique est toujours appelée Saigon par la majorité de ses habitants. Encore plus bruyante que sa petite sœur Hanoi, les klaxons résonnent ici toute la nuit. Les petits trottoirs bondés ont laissé place à de larges et longues avenues ombragées, agréables pour se promener. La présence coloniale est encore très marquée par les maisons et jardins coloniaux, ainsi que par le quartier français, la Cathédrale Notre-Dame de Saigon, la Poste Centrale, le Théâtre Municipal et le Palais de la Réunification.
Les embouteillages colorés du delta du Mékong
Après trois jours à Saigon, direction la dernière étape du voyage, le delta du Mékong et son réseau de milliers de canaux étroits. Le Mékong prend sa source au Tibet et finit sa course au Vietnam. Notre périple se poursuit à travers les îles du Dragon, de la Licorne, de la Tortue et du Phénix, au rythme de la vie vietnamienne. Ici, toute une vie se déroule avec pour fil conducteur le bateau, seul moyen de transport glissant sur les eaux couleur jaune. Sur ces embarcations sommaires, on trouve des fruits, des légumes, des poissons, mais aussi des flots de touristes. Elles sont pilotées par des femmes qui disparaissent sous de grands chapeaux pour se protéger du soleil. Parfois, cela donne lieu à des embouteillages colorés, offrant l’occasion d’observer la vie des habitants du Mékong et de se promettre de revenir un jour.